Le personnel navigant technique d’Air France, qui a révélé l’affaire dans un bulletin du syndicat Alter dont l’AFP a obtenu une copie, n’est pas avare de sarcasmes. Au bout d’un certain nombre de vols, les appareils des compagnies aériennes doivent subir une inspection complète et minutieuse. Pour des raisons de coûts, cette grande revue de détail se fait souvent en Chine. L’un des leaders mondiaux du grand entretien gros porteurs, qui travaille pour toutes les grandes compagnies mondiales (Lufthansa, British Airways, American Airlines, JAL, Emirates…) a pour nom Taeco. Or, c’est à la suite d’une visite dans les ateliers de Taeco qu’un A340 d’Air France s’est retrouvé immobilisé à Boston. Motif : il y a une dizaine de jours, un mécanicien a constaté l’absence d’une trentaine de vis sur un panneau de carénage. Une absence qui aurait pu passer longtemps inaperçue, du fait de la présence de joint sur les vis, si le panneau en question n’avait pas commencé à se détacher en vol.
« Les A340 font leur grande visite en Chine à Xiamen et le résultat est toujours à la hauteur des ambitions de notre entreprise ! », ironise le personnel navigant technique d’Air France. « Dernièrement, le F-GLZR est rentré de Chine et a volé pendant quelques jours avant d’être arrêté: il lui manquait un tiers des vis sur un panneau de carénage ».
Le précédent du Boeing 747-400
Un porte-parole de la compagnie, qui a confirmé l’incident, a indiqué qu’une enquête interne était en cours. Mais il a assuré qu' »à aucun moment, la sécurité des vols » n’avait été mise en jeu et souligné que l’avion n’avait été immobilisé « que quelques heures ». « La partie de l’avion concernée est le karman de l’aile droite, un cache d’habillage situé entre l’aile et le fuselage fixé par une cinquantaine de vis recouvertes d’un joint mastiqué », a-t-il précisé, relevant que « le karman a une fonction d’habillage et ne concerne pas une zone pressurisée ».
Un expert du constructeur européen Airbus a confirmé que le karman n’était pas une « pièce de structure ». « Comme il ne s’agit pas d’une pièce très lourde et étant donné son emplacement, on peut supposer – sous réserve de certaines vérifications – que si elle s’était détachée, elle serait partie avec le filet d’air », a-t-il commenté. Mais, a-t-il toutefois reconnu, « lorsqu’une pièce se détache, il y a toujours un risque qu’elle aille percuter une pièce importante. Le trajet d’une pièce est toujours difficile à connaître ».
De source syndicale, on déplore la défaillance en matière de maintenance et on rappelle que l’an passé, un Boeing 747-400 avait lui aussi été immobilisé après une grande visite en Chine : certaines parois de l’avion avaient été repeintes avec de la peinture potentiellement inflammable. L’avion avait volé pendant trois semaines. Cette fois, l’A340 était parti de Chine le 10 novembre. Il avait atterri à l’aéroport de Roissy pour une visite de trois jours. Et l’absence des vis n’a été constatée que le 15 novembre. Du côté de la compagnie aérienne, on s’efforce de relativiser : « Le fournisseur d’Air France qui a procédé à la grande visite est internationalement reconnu et travaille depuis plus de quatre ans pour Air France. Cet incident est le premier de cet ordre », a déclaré son porte-parole.
Source : TF1 News